En dépit de la pandémie, les entreprises françaises ont bénéficié de plus de 110 Mds de dollars d’offres d’acquisition, une hausse de 74 % en une année. Goldman Sachs, JP Morgan et Lazard caracolent en tête du classement tandis que Veolia et Suez se battent encore en mettant en scène plus de 10 banques d’affaires.
La crise sanitaire n’a en effet pas empêché les acteurs de fusions-acquisitions de prendre pour terrain de chasse la France. Les opérations de fusions-acquisitions se succèdent ainsi les unes aux autres et la concurrence entre les banques d’affaires augmente de plus belle comme le montre le cas de Veolia et Suez. Le respect des gestes barrière n’a pas non plus empêché l’envoi, à plusieurs reprises d’huissiers que ce soit chez Veolia ou chez Suez. Le confinement n’a pas non plus stoppé la réalisation de multiples procédures judiciaires relatives.
2020 a effectivement vu augmenter de plus de 74 % les offres d’acquisition de cibles françaises. Elles se chiffrent au total à 113, 2 Mds de dollars, plus qu’en 2017, avec pour toile de fond, l’affaire opposant les deux mastodontes de services à l’environnement.
Cependant, les offres d’achat hostiles nécessitent toujours le recours à des solutions judiciaires pour régler les litiges, déclare un expert d’une banque d’affaires qui a participé à l’affaire de Total et Elf. Ce qui différencie les deux est le nombre important d’actes de procédure réalisés pour le second, ce qui peut entraver à la conduite des affaires à Paris. La preuve : 3 banques-conseils ont été présentes à la vente du bloc d’actions Suez par Engie à Veolia. La transaction entre Veolia et Suez implique maintenant 12 banques d’affaires.
Une mobilisation de toute part
Des banques américaines ont pu tirer parti de la situation. Goldman Sachs se trouve en tête du podium établi par Refinitiv, avec plus de 100 Mds de dollars de transactions françaises conseillées sur les 204 Mds dénombrées dans le pays. L’établissement assiste Suez dans son histoire avec Veolia, de 23 Mds et participe aussi dans 2 autres batailles de l’année qui opposent Ingenico à Worldline, de 10 Mds et Patrick Drahi à Altice.
Le responsable de Goldman Sachs sur le sol français s’en frotte même les mains en déclarant que les opérations de fusions-acquisition sont parfaitement conduites dans l’Hexagone. Bon nombre de sociétés ont trouvé leurs aides à partir d’un plan bilantiel et opérationnel et sont reparties à l’attaque à l’international dès mai. Outre la bataille domestique de l’eau qui interpelle tout Paris, les transactions internationales ont augmenté en dépit de la crise sanitaire. L’offre de 7, 8 Mds faite à la division ferroviaire de Bombardier par Alstom ou celle de 5 Mds à Osisoft par Schneider. Il en ressort une augmentation à 8 % des transactions de fusions-acquisitions mettant en scène des sociétés françaises en 2020 en dépit du covid-19.
Quant à JP Morgan qui assiste aussi Suez, elle se retrouve à la 2nde place du podium avec 94, 5 Mds de dollars de deals. Les banques d’affaires n’ont jamais été aussi sollicitées qu’actuellement, déclarait aussi son responsable en France. Elle s’attendait pourtant à une terrible crise économique.
Morgan Stanley et Citi ne font pourtant pas partie de ce classement. Si BNP Paribas en occupait encore la 3ème place à mi-décembre, c’est Lazard qui y est maintenant. À la 5ème et à la 6ème place se trouvent respectivement la Société Générale et Rothschild.
La présidentielle, la date décisive
La concurrence va encore battre son plein, car de nombreux groupes français sont toujours en quête d’opportunités. Il y aura à l’évidence une hausse, présageant pour 2021 une période très active. Durant les 6 premiers mois, le marché de M & A reviendra très probablement à son niveau d’avant crise.
Un nouvel activisme en apparaîtra aussi. La pression des actionnaires et le souhait de maintenir le marché du financement s’ajoutant à la crise, celle-ci a permis de hâter les opérations. Les conseils d’administration seront encore plus encouragés à agir en raison de cette pression.
Pour éviter une croissance organique en berne, les sociétés doivent dénicher d’autres alternatives de développement via l’acquisition. Stagner serait donc un risque.
Cette pression actionnariale se présente d’une autre manière, avec d’autres acteurs experts dans l’univers des affaires, dans le capital et non plus dans le fonds. Un banquier renommé déclare que la crise sanitaire a fortement perturbé quelques cours de Bourse et que cela a fait apparaître depuis un an une autre forme d’activisme d’entrepreneurs apparue en France et dans d’autres pays du continent européen. Ceux-ci se servent de leur réputation et de ces pratiques pour exercer leur pression. Ce nouveau mode de fonctionnement pourrait perdurer.