C’est indéniable ! Il est très difficile de travailler en temps de guerre. Un certains nombre de salariés IT ont pourtant refusé de partir de leur pays même leurs employeurs leur ont proposé de les relocaliser. Ayant préféré rester près de leur famille, ils vivent la guerre au quotidien.
Début 2022, quand l’armée russe traverse la frontière ukrainienne, une société dont le siège se trouve en Israël a invité ses salariés basés en Ukraine à y habiter momentanément. Elle leur a proposé d’emmener avec eux jusqu’à 10 membres de leur famille respective et de prendre en charge tous leurs frais, ce, pendant 6 mois. Un développeur qui vient de la capitale Kiev en fait partie, mais a refusé l’offre. Il ne pensait pas que la guerre aurait vraiment lieu, que les risques que celle-ci se produirait étaient de 5 %. Il n’a tout simplement pas pensé qu’au XXIème, cela pourrait arriver.
Vers la fin du 1er trimestre, il a cependant raconté que chaque matin, il travaille comme bénévole et transporte des vivres pour ceux qui, comme lui, n’ont pas voulu quitter leur pays. Il en donne aussi aux militaires qui défendent la ville et utilise pour cela une voiture louée en février. Cela s’est passé au moment où la Russie a commencé à s’en prendre à Ukraine. En effet, conduire le matin était beaucoup plus sécurisant à Kiev.
En dépit de la guerre, de son travail comme bénévole, des sirènes d’alerte, des bruits assourdissants des coups de feu et des explosions, le développeur a décidé de rester travailler dans sa ville. Il a déclaré vouloir y rester même si la société qui l’emploie lui propose en permanence de le relocaliser. Il essaie toujours de se connecter l’après-midi afin de retrouver un peu de réconfort auprès de ses collègues de travail. Cela lui donne aussi l’impression de vivre une vie normale en dépit de la guerre, ses collègues continuant toujours à le soutenir pour qu’il tienne le coup.
Une destination d’externalisation de l’IT
Un grand nombre d’entreprises étrangères dont américaines recrutent en effet en Ukraine et y emploient des profils IT. Un cabinet d’études spécialisé dans le domaine déclare même que la Russie, l’Ukraine et le Biélorussie recensent plus d’un millions d’experts IT. L’enseigne affirme même dans un de ses rapports qu’une grande partie des intégrateurs de grands et moyens systèmes se trouvent dans ces 3 régions. De nombreux éditeurs y ont leurs centres de développement. Vu la place occupée par l’externalisation IT dans ces pays, la guerre a mis le secteur en mauvaise posture. En prouvent les discussions en ligne menées avec les employés IT Ukrainiens qui ont préféré rester dans leur pays. Celles-ci ont permis de prendre connaissance de la vie qu’ils mènent là-bas et de leurs conditions de travail en pleine guerre. Quoi qu’il en soit, ils sont déterminés que jamais et s’engagent à continuer à travailler même si on est en train de détruire leur pays.
Travailler pour ne pas penser aux dangers de la guerre
Un autre professionnel IT, un chef d’équipe d’ingénierie déclare aussi être resté avec ses compatriotes et continuer à se battre pour la démocratie. Trentenaire et occupant son poste depuis 2 ans à peine, il ne croyait pas non plus que la guerre aurait lieu. Il n’arrive pas à comprendre les raisons pour lesquelles des voisins qui prétendent être des proches puissent les attaquer du jour au lendemain. Habitant cependant au Kiev auparavant, il a emmené femme et enfants à l’ouest de l’Ukraine. Ils habitent désormais avec six personnes environ près de la ville de Ternopil.
Un autre profil IT a aussi affirmé avoir bataillé pour trouver des vivres et de l’argent de sa banque au moment où la Russie commençait à attaquer l’Ukraine. Se trouvant pourtant loin des lignes de front, lui et sa famille n’ont rien à craindre en dépit des retentissements des sirènes d’alerte. Il se jouissait également des offres de relogement de son employeur, mais ne pouvait pas partir. Le gouvernement ukrainien a en effet interdit aux hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays. Il ne pouvait donc pas y aller contre et jugeait que rester était la meilleure chose à faire dans ce cas.
Penser à autre chose
Les sociétés employeurs ont tout fait pour venir en aide à leurs salariés ukrainiens. Elles ne pouvaient pourtant pas faire grand-chose pour changer la donne, sauf les soutenir. Les profils IT ukrainiens leur sont ainsi reconnaissants des diverses aides apportées. Ainsi, ils peuvent se plonger dans leur travail et s’en servent même pour se distraire. Selon eux, le travail est leur unique moyen de s’évader de leur condition de vie. En exécutant leurs tâches professionnelles, ils détournent leur pensée de ce qui est en train de se produire chez eux. En effet, la qualité des connexions internet et de télécommunications reste bonne. Elle leur permet de rester en contact entre eux et avec leurs entreprises employeurs en Israël ou dans d’autres pays.
Vaincre la peur
Même s’ils font semblant de vivre une vie normale grâce à leur travail, les professionnels IT de l’Ukraine reconnaissent pourtant les difficultés auxquelles ils sont confrontés au quotidien. Désormais, selon eux, il appartient aux politiciens et à l’armée de décider du futur du pays. Il ne leur reste qu’à attendre et à espérer, selon un autre profil IT ukrainien. Travailler devient aussi comme une distraction pour lui. Il s’en sert pour se défaire de la réalité qui n’a plus rien de réjouissant, ainsi que de l’état d’alerte qui s’instaure en permanence. Au début, la situation était incertaine et alarmante. Il ne lui était pourtant pas possible de rester là, à attendre. Il a besoin de se distraire pour ne pas penser à ce qui est en train de se passer. Le meilleur moyen d’y arriver est de travailler. Il oublie momentanément cette triste réalité quand il interagit avec ses collègues de travail. Leurs nouvelles conditions de vie dans lesquelles ils vivent désormais l’ont toutefois fait déchanter.
C’est notamment le cas d’un autre profil IT qui travaille pour un éditeur de logiciel depuis 4 ans. Il a pourtant quitté la capitale pour s’installer à Odessa chez des membres de sa famille quand la guerre a été déclarée. Il affirme devoir faire avec des connexions internet de médiocre qualité. Il doit aussi réorganiser son emploi de temps, car les longes files d’attente dans les magasins lui font perdre du temps quand il fait ses courses. Il travaille aussi comme bénévole pour aider les militaires qui défendent le pays, leur offre de l’argent à eux et à des civils pour les soutenir. Plusieurs fois par jour et même la nuit, il doit aussi se mettre à l’abri dans le sous-sol de son habitation quand les sirènes d’alerte retentissent. Il ajoute qu’il risque bien d’être blessé par une bombe un jour ou l’autre, à l’instar de nombreux de ses compatriotes qui ne peuvent pas se mettre à l’abri à chaque fois.
Un plan d’urgence préalablement élaboré
Selon l’un de ces professionnels IT ukrainiens, tout ce qu’ils font, ils le font pour aider leur famille et leur pays. De l’autre côté, l’éditeur employeur affirme avoir élaboré un plan d’urgence, quelques semaines avant l’invasion russes. Il ne pensait pourtant pas avoir à l’appliquer, celui-ci consistait à relocaliser ses salariés IT dans d’autres pays que l’Ukraine et à leur offrir d’autres soutiens. Seul, un employé a accepté de l’être, les autres ayant préféré rester dans le pays.
Quoi qu’il en soit, l’entreprise ne ménage pas ses efforts pour aider ses employés, notamment à leur trouver, à eux et à leurs familles, des logements fiables. L’un de ses représentants affirme aussi ne pas obliger ses salariés ukrainiens à travailler pour le moment et n’espère pas qu’ils le fassent. L’éditeur souhaite seulement qu’ils soient en sécurité et s’occupent de la sécurité de leur famille. Tout ce que l’entreprise peut faire en ce moment est de les soutenir dans cette épreuve. L’un de ses ingénieurs full stack déclare appeler sa famille et ses amis chaque matin avant de se rendre au travail. A l’instar des autres profils IT ukrainiens, il affirme se trouver dans un endroit sécurisé, utiliser une connexion internet et des services de télécommunications de bonne qualité, et être à jour dans son travail.
D’autres questions plus urgentes taraudent cependant son esprit. Il pense à sa famille et souhaite vivement que la guerre se termine le plus rapidement possible.
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