Nul ne l’ignore. Les femmes ne se pressent pas à embrasser une carrière professionnelle dans le secteur du numérique. D’après le rapport d’une start-up, 10 % seulement des fondateurs de ces jeunes pousses dans la capitale française sont des femmes. Elles ne constituent non plus que 28 % des salariés dans les entreprises du numérique. Voyons les raisons pour lesquelles elles se font rares dans ce secteur source de grands changements économiques et sociétaux de l’ère actuelle. Découvrons également les conséquences possibles de leur absence dans ce domaine, et tout ce qui est mis en œuvre pour y remédier.
Le geek typique : toujours blanc et asocial
L’insuffisance du nombre de femmes excellant dans le numérique vient de l’image qu’on se fait généralement d’un geek. Selon le dirigeant d’une entreprise, les jeunes filles considèrent le métier de geek spécialement réservé aux garçons. C’est un préjugé totalement faux, une idée reçue sans aucun fondement d’après une journaliste américaine.
En effet, des femmes travaillaient déjà dans l’armée américaine et la Nasa et participaient à la programmation des ordinateurs. Quand cette industrie s’est pourtant beaucoup développée, on a élaboré des tests de personnalité pour définir les profils compétents pour ce type de travail. Il a été ainsi décidé, sans que cela ait été prouvé, que les programmeurs performants sont souvent antisociaux. Quand on parle de ce type de personne, on croit toujours que c’est un homme. Est ainsi né le stéréotype du geek comme un homme blanc et antisocial.
D’après un autre dirigeant d’une ESN, l’attrait des garçons et rarement des filles pour les filières scientifiques en est une autre cause. En effet, à l’instar de leur nombre restreint dans les écoles d’ingénieurs, de 20 % seulement, les femmes sont peu nombreuses à s’intéresser au numérique. Ce chiffre est encore plus bas dans certains rapports alors que 47 % des bacheliers en Terminal S sont des femmes.
Pour changer les choses, de gros efforts doivent être menés par les entreprises auprès des écoles : témoigner pour inciter les lycéennes à s’y inscrire et motiver leurs vocations.
Les conséquences de l’insuffisance de nombre de femmes dans le secteur du numérique
Des dirigeants d’entreprises féminins déclarent que si les femmes étaient plus présentes dans le secteur, il y aurait moins de harcèlement en ligne. Les trolls n’auraient pas non plus proliféré comme aujourd’hui. En fait, il ne s’agit pas uniquement d’un souci de représentativité professionnelle, il s’agit également d’une question sociétale. C’est comme lorsqu’il y a plus d’hommes que des femmes qui introduisent leurs informations, leurs préjugés et leurs visions dans les bases de données. Cela crée un déséquilibre dans les algorithmes et y provoque des biais. Pourtant, les femmes n’agissent souvent qu’à partir d’un besoin spécifique ou d’un manque bien défini dans la vie de tous les jours. Les hommes ne se basent eux que sur des conjonctures susceptibles d’être des opportunités d’affaires. Cela engendre une diversité importante pour l’évolution de la société.
Les mesures prises pour permettre aux femmes d’accéder facilement au secteur du numérique
Le rapport Villani ambitionne par exemple de faire augmenter jusqu’à 40 % le nombre de femmes dans les écoles d’ingénieurs. Le but est d’empêcher le secteur du numérique d’être une nouvelle source d’exclusion. Il importe pour cela de donner envie aux jeunes filles de s’y inscrire en leur faisant connaître le parcours de certaines femmes comme Karlie Kloss. C’est un mannequin qui a créé une école pour apprendre aux jeunes filles à coder. Il faut aussi inciter les jeunes filles à s’identifier aux femmes telles que Catherine Barba ou Sheryl Sandberg.
Pour changer les choses, on a conçu la Grande école du numérique, un réseau de formation en faveur de l’inclusion des femmes dans le domaine. Il y a aussi le Programme Femmes du Numérique qui a pour but la promotion de l’égalité entre hommes et femmes. La journée de la femme digitale est en outre un évènement annuel durant lequel on récompense les entrepreneuses dans le monde du numérique. Le réseau StarHer promeut par ailleurs les femmes dans la Tech.
Sopra Steria a également créé le réseau Passer’Elles dans le but de mobiliser plus de 250 ambassadrices excellant dans le numérique. Celles-ci interviennent dans les entreprises ou les lycées pour parler de leur métier et inciter le maximum de jeunes filles à rejoindre les écoles ou les universités d’ingénieurs. Un accord d’entreprise a aussi été mis en œuvre pour soutenir des actions concrètes comme des promotions, des rémunérations et des formations. Des ateliers mixtes sont par ailleurs organisés pour discuter de différents thèmes comme le leadership, les stéréotypes et le sexisme. L’objectif est d’en élaborer de concrets plans d’actions faciles à déployer.