Les équipements actifs comme les antennes sont, depuis longtemps, considérés comme essentiels dans le secteur de la télécom. Leur vente est ainsi vue comme un sacrilège, contrairement aux cessions de réseaux passifs qui se font désormais fréquents. Des opérateurs télécom tels que Polsat ou Siminn, respectivement de Pologne et d’Islande, s’y mettent pourtant actuellement.
Si EDF n’avait pas ses centrales nucléaires, et SNCF, son réseau ferré, que seraient-ils devenus ? Dans le secteur de la télécommunication, la mode « moins on a, mieux c’est » émerge pourtant. En effet, quelques-uns de ses acteurs se mettent aussi à céder leurs équipements actifs. Auparavant, ils ne vendaient pourtant à des fonds que leurs infrastructures passives comme les pylônes pour se faire du liquide. Ils vendent surtout leurs antennes qui émettent le signal 4G ou 5G vers leurs clients.
C’est ce qu’a fait Cyfrowy Polsat, le groupe de médias et de télécoms polonais. Il a cédé à Cellnex, le numéro un des infrastructures mobiles espagnol, ses sept mille tours et trente-sept mille antennes actives.
Siminn d’Islande lui a emboîté le pas en vendant la totalité de son réseau fixe et mobile, autrement, son actif et passif. L’opérateur historique les a cédés au fonds français Ardian pour 500 M d’euros. Une telle opération est devenue à la mode, affirme l’un des responsables de l’acquéreur. Elle permet aux telcos de se focaliser sur le service et le contenu. Les réseaux télécom vont devenir un luxe dans le futur.
Siminn et Cyfrowy Polsat ont ainsi choisi un modèle similaire à celui des MVNO, des telcos virtuels comme Auchan Mobile. Ils n’ont gardé que le cœur du réseau ou la partie la plus sensible, le portefeuille des abonnés et les fréquences. Ces dernières sont considérées comme l’oxygène des télécoms.
Les antennes, la force des opérateurs télécom
Céder ses antennes n’est donc jamais bénin pour un acteur en télécommunication. En dépit du fait qu’il peut garder les logiciels qui les commandent à distance, cela signifie toujours remettre sa vie entre les mains d’un associé. C’est un modèle difficile à développer, sauf si le nouvel acquéreur dispose de bon nombre d’avantages par rapport à ses concurrents.
Telle est la raison pour laquelle, les telcos ont toujours été contre la vente de leurs équipements actifs. Il suffit de voir ce qui se passe chez Orange qui a ouvert ses 26 000 pylônes dans l’Hexagone et en Espagne à la concurrence. Même si les autres acteurs de télécom peuvent y ajouter les leurs, les antennes d’Orange restent toujours ses propriétés.
Il n’en est plus ainsi actuellement, les mœurs changent. Les acteurs de la télécommunication souhaitent tous profiter de la très haute valorisation des infrastructures télécoms. L’avènement de la 5G aidant, les opérateurs partagent leurs antennes via un accord de mutualisation.
225 000 tours vendus dans toute l’Europe
La totalité des ventes d’équipements actifs ne pourra pourtant égaliser celle des ventes d’infrastructures passives. Si les tours localisés dans toute l’Europe font 450 000 en tout, la moitié d’entre eux ont été vendus. Ils ont été repris par des sociétés spécialisées comme ATC ou Cellnex. Pour les acteurs de petite envergure, la vente d’actif est un choix parfaitement réalisable, ce qui n’est pas le cas pour les grands telcos. L’entretien d’une antenne a cependant un coût alors qu’elle devient rapidement obsolète qu’un pylône en métal. On n’en obtient ainsi que des petits bénéfices selon l’un d’eux.