Les spécialistes, les entreprises et les cabinets d’études le reconnaissent tous. Le secteur de l’IT manque cruellement de compétences, surtout en sécurité informatique. Cependant, le véritable problème concerne plutôt la qualité que le nombre de ces profils.
Cette insuffisance de compétences concerne surtout les ESN ou les ex-SSII qui semblent faire face à un turn-over important. Serait-il peut-être temps de se demander pourquoi les profils techniques désertent les équipes des entreprises de services numériques ?
Les profils IT actuels : génération d’enfants gâtés
En effet, les professionnels de l’IT actuels semblent être difficiles à dompter, contrairement à ceux d’avant. La plupart d’entre eux sont des jeunes de la génération Y qui n’aspirent pas aux mêmes valeurs que leurs aînés. Leur intérêt pour un travail ou un poste ne se base plus sur les tâches qu’ils vont y accomplir, ni sur leurs employeurs. Celui-ci dépend plutôt :
- du salaire,
- des avantages fournis,
- de la qualité de vie au travail,
- de la préservation de la vie personnelle,
- de la possibilité d’avoir du temps pour le loisir,
- du lieu de travail,
- de la durée du trajet pour y aller,
- de la possibilité de faire du télétravail,
- des outils numériques mis à disposition, etc.
Ce sont les caractéristiques avec lesquelles qualifier une entreprise où il fait bon de travailler. Aussi, en dépit des efforts déployés par les entreprises pour attirer les profils, elles arrivent difficilement à devenir « cool » aux yeux de ceux-ci. Ce ne sont pas les augmentations de salaire qui vont les faire rester ni les rendre fidèles à l’entreprise. L’époque où un employé passe toute sa carrière professionnelle dans une même enseigne est révolue. D’ailleurs, après de longues années d’étude dans le tertiaire, combien de jeunes actifs ont choisi de tout quitter pour se convertir dans des métiers de contact, plus artisanaux, plus concrets ?
Certains dirigeants d’entreprises jugent ce comportement de celui d’un enfant gâté. Pourtant, ce phénomène ne concerne pas uniquement le secteur de l’IT. Les jeunes professionnels savent se faire très exigeants quand ils sont conscients que leurs profils sont très recherchés sur le marché. C’est la règle de l’offre et de la demande, une réalité qui incite les profils à tester plusieurs entreprises avant de choisir l’une d’elles.
Des missions ennuyantes
La qualité des missions qui leur sont confiées y est aussi pour quelque chose dans ce désintérêt des jeunes profils pour les ESN. En effet, ces dernières tendent parfois à survaloriser les projets pour attirer ces compétences. Pourtant, les missions qui consistent à développer de nouvelles technologies ou à déployer des projets concrets de A à Z sont moins fréquentes. Même s’il y en a, elles ne peuvent pas être confiées à des profils moyennement ou faiblement compétents. Elles ne sont confiées qu’à des experts IT, des spécialistes de compétence verticale. On parle d’expertises dans des domaines pointus tels que le Cloud, le Pentest de haut niveau, la détection, la remédiation, etc.
Un modèle ESN dévalorisant
Bon nombre de profils se targuent entre autres de Pentesteur, une appellation comme celle d’un expert qu’on utilise à tort et à travers actuellement. Ce serait donc une erreur de les qualifier tout de suite comme tels, car les profils avec un haut niveau en IT sont très rares.
Il y a 2 raisons à cela. La première est qu’on n’affectionne pas tellement l’informatique en France. En effet, le commun des mortels le considère comme une activité qui ne permet pas de prouver son niveau d’intelligence. La seconde est que les compétences techniques ne sont pas bien vues comme elles devraient l’être dans le modèle de carrière français. C’est ce qu’on souhaite montrer dans le graphe en Y qui représente les échelons d’une carrière professionnelle « normale ». On y montre que même si un employé débute comme un technicien dans son domaine dans une entreprise, il finira bien par devenir un chef d’équipe un jour. Étonnamment, ce modèle de plan de carrière a été massivement partagé dans les entreprises de grande envergure françaises. Il ne prévoit pourtant aucune évolution vers une spécialité technique plus pointue.
Le modèle économique de la plupart des ESN n’est de ce fait pas si attrayant pour les profils IT. L’idée d’être envoyé en mission pour une période plus ou moins longue chez des clients ne leur plaît guère. Ils ne trouvent aucune perspective d’évolution à leur carrière en n’appartenant pas réellement à l’ESN ni au client.
Aussi, quand certains parviennent à se faire embaucher par les clients, d’autres choisissent de travailler à leur propre compte et optent pour le statut d’indépendant. Ainsi, ils gèrent mieux eux même leurs activités et emplois de temps. Telle est principale raison pour laquelle les ESN disposent de jeunes profils fraîchement diplômés et actifs et non des spécialistes expérimentés.
Certaines ESN incluent même dans leur modèle de croissance une règle selon laquelle elle doit se « débarrasser » d’un salarié au bout de 3 ans de collaboration. Celui-ci leur semble en effet n’avoir plus rien à leur offrir au-delà de cette période. Un tel fonctionnement tend pourtant à diminuer tant les projets gagnés que les profils embauchés.
Le départ ou l’insuffisance de profils dans ce modèle économique provient aussi de la rivalité entre les commerciaux et les techniciens dans les ESN. En effet, les commerciaux y sont mieux considérés que les techniciens, ce qui entraîne de notables différences de salaires. Fort heureusement, il n’en est pourtant plus ainsi actuellement.
L’avènement de l’approche DevOps et DesSecOps
Ce modèle de croissance des ESN a ainsi fait son temps et ne rapporte plus sur le plan économique. D’ailleurs, il est déjà concurrencé par un nouveau modèle économique.
Outre démystifier l’univers de l’entreprise, le nouveau défi de l’entrepreneuriat consiste à impliquer de plus en plus les collaborateurs dans la vie de celle-ci. Les profils IT suivent ainsi cette tendance, ils souhaitent d’abord connaître les objectifs et la stratégie adoptés par l’entreprise avant de s’y engager. Ils font leur choix en fonction.
L’adoption massive de l’approche DevOps et Agile apporte ainsi un nouveau souffle à la revalorisation des profils IT. C’est une nouvelle manière de travailler qui distingue le rôle du responsable d’équipe de celui du responsable technique. Elle met ainsi la technique sur le même pied d’égalité que le métier et lui rend toute son importance. Aux 2 profils ainsi de collaborer de manière concrète pour favoriser l’épanouissement des équipes dans leur travail. Dans la même optique, ils doivent garantir la bonne réalisation et la pertinence des projets techniques.
Les jeunes professionnels de l’IT doivent ainsi mettre à profit leurs premières années de travail pour développer encore plus leurs compétences. Ils doivent aussi acquérir le maximum d’expérience pour devenir des experts dans leur domaine et pouvoir exiger de coquettes rémunérations. Dans le cas contraire, ils risquent de ne pas être à jour dans leurs connaissances. De nombreuses entreprises ont pourtant fortement besoin de leurs services pour amorcer et accomplir leur mutation digitale.
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