Ayant été en retard sur la 1ère vague de l’IA dédiée au commerce, les start-ups allemandes ont trouvé leur domaine d’expertise : l’Intelligence Artificielle destinée aux services et aux machines-outils (robots intelligents).
Maintes et maintes fois, le technicien prend le bras du robot et le conduit le long d’un câble jusqu’à ce que celui-ci comprenne et adapte lui-même son geste aux circonstances. C’est ainsi que la start-up Micropsi continue à peaufiner son produit, un logiciel d’IA dédié à l’industrie, dans un ancien quartier ouvrier de Neuköln à Berlin.
Micropsi est l’une des pépites de jeunes pousses spécialisées dans l’Intelligence Artificielle de l’autre côté du Rhin, à côté de Wandelbots et Konux. En 1ère phase de développement, elle ressemble toutefois aux 2 autres sur un point. Toutes les 3 misent sur la spécialité des Allemands qu’est le contrôle et la fabrication de machines-outils. La réussite foudroyante de Celonis, une experte dans l’analyse des procédures et qui a été valorisée à 11 Mds de dollars les a encouragées.
Selon un spécialiste dans le domaine, les Allemands ne pouvaient pas rivaliser Google, Microsoft et Amazon sur les services dédiés aux consommateurs tant ces mastodontes ont pris de l’avance sur eux. Par contre, ils les dépassent d’une bonne longueur dans les domaines de :
- la machine-outil,
- la robotique,
- les capteurs,
- les données.
Dans un livre blanc publié par ZVEI, la fédération germanique de l’électronique, cette virtualisation intelligente de l’industrie représente une éventuelle valeur ajoutée de 425 Mds de dollars. Ce n’est pas étonnant si plus de la moitié, soit 63 % des jeunes pousses allemandes œuvrant dans l’IA choisissent des industriels comme clients.
Les robots ne sont pas intelligents
Ses investisseurs ont orienté Micropsi dans le secteur des machines-outils car ils y ont vu des opportunités à saisir. En effet, quand le marché des start-ups destinées à l’e-commerce parmi lesquelles se trouvent Zalando et N26 devient saturé, le capital-risque s’est tourné vers les pépinières industrielles allemandes. Vis-à-vis de l’avance prise par la Chine, fonder la renommée du « Made in Germany » sur la fiabilité des machines n’est pas assez, selon le responsable d’un fonds d’investissement.
C’est une erreur de croire que les robots sont des machines intelligentes, car ils ne le sont pas. On les programme pour effectuer le même geste, tout le contraire d’un être humain. En effet, les robots ne sont pas capables d’effectuer certains mouvements comme brancher une prise mâle sur une prise femelle par exemple. C’est en combinant les informations des capteurs, de la caméra et du mouvement effectué par le technicien suivant les besoins des industriels que Micropsi apprend aux machines les mouvements précis requis.
La jeune pousse ne vise pas les grands fabricants de voitures ou de boissons qui produisent par milliers le même modèle de produit tous les jours. Ses clients sont des PME qui effectuent différentes petites tâches comme visser des ampoules ou des joints. Ce sont des sous-traitants dont les CA se chiffrent autour de 400 000 à 1 Md d’euros. Leur prise de décision se fait rapidement, que ce soit pour prendre des risques ou pour arrêter une collaboration infructueuse.
Manque de talents et de capitaux
Des écosystèmes sont pourtant apparus en groupes dans les environnants des universités de Munich, Berlin ou Dresde et près des experts de la robotique tels que Kuka à Augsbourg. Ces universités allemandes n’ont pourtant pas cru à l’IA et ont laissé leurs talents chercher du travail ailleurs. Pourtant, le pays en compte un certain nombre, mais près d’un tiers d’entre eux, les meilleurs occupent des postes importants chez Google et Facebook ou encore aux Etats-Unis et en Europe.
Ce n’est qu’en décembre 2020 que le gouvernement allemand s’est décidé à investir 5 Mds d’euros dans l’IA. Est-ce suffisant ? Etait-il temps ? En dépit du dynamisme des investisseurs en Allemagne depuis 4 ou 5 ans, les jeunes pousses dépendent encore des fonds étrangers pour leur 2nd ou 3ème cycle de financement. Près des 70 % des 1, 4 Mds d’euros investis dans les start-ups viennent encore des Etats-Unis et de la Chine qui, à elle seule représente 12 % de ce montant.